IA : quels bouleversements dans le monde du travail ?
Depuis quelques années, l’intelligence artificielle (IA) qu’il s’agisse du Chat GPT, de DALL-E 2 ou des premiers robots-chirurgiens capables d'opérer seuls, est présentée comme la prochaine grande révolution de notre époque. Si elle fascine autant qu’elle effraie, on peut surtout s’interroger sur les conséquences qu’aura l’IA sur le monde du travail. Risque-t-elle de mener au chômage massif ou sera-t-elle porteuse d’évolutions positives ? Ce qui est certain, c’est que son impact sur le monde professionnel est inévitable…
Des Français peu favorables à l’intelligence artificielle
Définie par la CNIL comme « un procédé logique et automatisé reposant généralement sur un algorithme et en mesure de réaliser des tâches bien définies », elle serait la prochaine grande révolution technologique qui secouerait notre société. Bien sûr, le monde du travail n’y échappe pas. Si certains sont très enthousiastes face à la perspective de ces multiples changements, d’autres, au contraire, nourrissent beaucoup d’appréhensions.
Selon un baromètre Ipsos pour le Forum économique mondial de Davos daté de janvier 2022, les Français ne seraient pas les premiers partisans de l’intelligence artificielle.
Sur les 28 pays interrogés, les Chinois sont les plus optimistes à l’égard de l’IA : 78% estiment que cette technologie va apporter « plus de bénéfices que d’inconvénients ». Ils sont suivis de près par les Saoudiens (76%), les Indiens (71%) et les Péruviens (70%).
Les Français, de leur côté, sont loin d’être aussi favorables : seuls 31% voient plus d’avantages que d’inconvénients à l’IA. Ils rejoignent ainsi l’avis des Canadiens (32%), des Néerlandais (33%) et des Américains (35%).
De même, lorsqu’on leur demande s’ils pensent que l’utilisation accrue de l’intelligence artificielle les influencera positivement ou négativement, eux et leurs familles, en qui concerne la catégorie de l’emploi, 69% répondent négativement.
Une appréhension justifiée ?
Des tâches de plus en plus automatisées
L’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) a sorti un rapport sur les perspectives de l’emploi 2023 contenant des données sur l'adoption et l'utilisation de l'IA sur le lieu de travail. Selon ce dernier, 27 % des emplois se situent dans des professions à haut risque d'automatisation.
Ainsi, dans un avenir proche, beaucoup de tâches répétitives et fastidieuses pourraient être automatisées, telles que la classification des e-mails, le tri des fichiers ou dossiers ou l’analyse de données. De nombreux emplois pourraient donc à la longue être mis en danger, notamment ceux dont 70% des tâches associées peuvent être automatisées, et pas forcément des emplois les moins qualifiés. Les professions les plus à risques sont celles de l’industrie manufacturière et de l’agriculture, ou certains services comme la logistique, les transports terrestres et les services alimentaires.
Un processus d’embauche fortement impacté
Une autre conséquence de l’intelligence artificielle sur l’emploi ? Le recrutement. À l’heure actuelle, 75% des CV sont déjà rejetés automatiquement par un système d’IA, avant même qu’une personne y jette un coup d’œil. Avec le développement de l’intelligence artificielle, ce nombre va devenir encore plus important et cette sélection selon des critères très définis pourrait se faire à défaut de la diversité et l’inclusion, toutes deux propices au développement et à l’évolution des entreprises.
Malgré un impact de l’IA à relativiser
Une automatisation mesurée
Certes, l’automatisation de certaines tâches est inévitable mais cela signifie-t-il pour autant dire que son impact sera aussi important qu’on le prédit ? En effet, beaucoup d’activités ne peuvent pas être réalisées uniquement par des machines, notamment celles qui supposent des compétences humaines spécifiques telles que :
- Des capacités de jugement, d’analyse et d’intuition ;
- De l’empathie, de l’identification, de la bienveillance ;
- La gestion de ce qui est de l’ordre de l’imprévu.
De plus, il ne faut pas oublier que l’IA est aussi limitée par les contraintes techniques. En dehors de lois très strictes en termes de sécurité des données, le financement d’un seul modèle d’IA à la pointe de la technologie peut aller jusqu’à coûter plusieurs millions de dollars par jour. Par exemple, ChatGPT coûte 694 444 $ par jour pour fonctionner en termes de coûts de matériel informatique.
Un renouveau positif pour l’emploi
Si le changement peut effrayer, il n’est pas pour autant forcément synonyme de dépassement et d’obsolescence, mais il peut au contraire incarner le renouveau et l’opportunité d’évoluer en mieux. Dès aujourd’hui, le déploiement de l’IA dans l’économie génère de nouveaux besoins en spécialistes de l’informatique et des mathématiques. De nombreux secteurs auront besoin de professionnels de l’intelligence artificielle : transport, santé, énergie, banques, assurances… Les profils de Data Scientists sont recherchés par tous les organismes publics, grandes entreprises et startups.
Au-delà des métiers actuels, l’IA va aussi créer de nouvelles professions. En 2017, un rapport publié par Dell et l’Institut du Futur expliquait que parmi les emplois de 2030, 85% n’existeraient pas encore actuellement du fait de cette transformation du monde par la robotisation et l’intelligence artificielle.
Dans la lignée de la petite révolution provoquée par Apple et la création de l’Iphone dans les années 2000, qui avait permis de faire émerger de nouvelles professions inédites, l’IA requiert la création de postes spécialisés capables de la maintenir et de contribuer à son développement.
De nombreux avantages
Un gain de productivité
L’automatisation de certaines tâches laissera plus de temps à consacrer à des activités à plus fortes valeur ajoutée. L’arrivée de l’IA dans la vie du salarié ne doit pas forcément être considérée comme une compétition mais plutôt comme une collaboration, l’occasion d’améliorer ses compétences ouvrant ainsi de nouvelles opportunités d’apprentissage et de développement professionnel.
Dès lors, l’IA prend plutôt le rôle d’un assistant modulable lui permet au salarié de se concentrer sur des activités plus valorisantes et qui demandent une intervention. Par exemple, un comptable peut utiliser une IA pour interpréter automatiquement des factures et les inscrire dans les logiciels informatiques, tandis qu’un photographe peut s’en servir pour corriger automatiquement ses clichés.
Une fluidité des modes de travail
L’intelligence artificielle va également améliorer la productivité des équipes, en fluidifiant leurs modes de travail :
- La barrière de la langue n’en sera bientôt plus une grâce aux technologies de traduction automatique alimentées par l’IA.
- Les soucis informatiques basiques pourront être résolus très rapidement grâce aux chatbots et aux assistants virtuels optimisés par l’IA.
- L’organisation et le classement des documents se feront de manière automatique grâce à l’IA, ce qui facilitera considérablement la communication au sein des services.
L’amélioration de la sécurité des données
Aujourd’hui, tout est informatisé et la protection des données est un grand enjeu pour n’importe quelle entreprise. Avec ses capacités avancées en matière de cybersécurité, l’IA pourra identifier et prévenir les menaces potentielles en analysant les schémas d’activité suspecte.
L’intelligence artificielle pourra notamment permettre de :
- Trouver les vulnérabilités et les solutions ;
- Prévenir des attaques par hameçonnage ou phishing en anglais (technique frauduleuse utilisée par des individus malveillants qui incitent l'internaute à communiquer des données personnelles en prétendant être des personnes de confiance) ;
- Analyser les journaux d’activité ;
- Former les utilisateurs aux bonnes pratiques de sécurité.
Ainsi, bien que l’arrivée de l’IA dans notre société entraine inévitablement des bouleversements dans le monde du travail, elle représente surtout une formidable opportunité de croissance à de multiples niveaux dans un monde où tout est encore possible et où chacun est un acteur de la métamorphose.
Rédactrice : Clotilde Chevalier
Direction Communication Groupe IGENSIA Education (ex Groupe IGS)