Gen Z et entreprise : une génération problématique ?

70 % des chefs d'entreprises ne comprennent pas les aspirations des jeunes de moins de 30 ans. Paresseux, infidèles, peu respectueux… les idées reçues autour de ces derniers circulent, dressant un portrait peu flatteur du point de vue de leurs employeurs. Pourquoi une telle réputation ? Est-elle véridique ? Comment dépasser les préjugés pour rétablir le lien fragilisé entre entreprise et Gen Z ?

Actualité Gen Z et entreprise

Gen Z et entreprise, un rapport qui ne coule pas de source ?

Ces jeunes, ces flemmards !

La génération Z est la génération des personnes nées entre 1997 et 2010. Il s’agit de jeunes qui ont grandi au sein d’une société où les communications numériques étaient déjà bien implantées. En son sein, de nombreux jeunes qui font leurs premiers pas dans le monde du travail, avec leurs idées et leurs valeurs, parfois bien différentes de celles de leurs ainés. Selon une étude Ipsos réalisée avec l'école d'ingénieurs Cesi en mai 2024, les employeurs, notamment, ont bien du mal à comprendre leurs jeunes recrues :

  • 57 % d'entre eux jugent la génération Z moins investie au travail que ses aînés ;
  • 72 % moins fidèle à l’entreprise ;
  • 53 % moins respectueuse de la hiérarchie.

Une génération paradoxalement très investie

Qu’en est-il des jeunes ? 84 % des jeunes de 18 à 28 ans interrogés disent avoir le goût du travail et 85 % considèrent la réussite professionnelle comme essentielle. Tout indique qu’ils donnent une place de choix au travail dans leur vie, alors comment en sont-ils arrivés à se faire une telle réputation ?

La réponse se trouve dans les attentes : elles sont bien plus élevées que celles des autres générations. Ici, il n’est pas de question de travailler « par dépit », ou seulement dans un but économique. Certes, la rémunération est importante, mais la génération Z aspire à réussir professionnellement sans compromettre ses valeurs et sans sacrifier sa vie personnelle. Ainsi :

  • 74 % veulent travailler dans une entreprise avec des valeurs en accord avec les leurs.
  • 80 % estiment que l'équilibre vie pro/vie perso est le premier critère pour choisir de rejoindre une entreprise.

Une fidélité discutable

On ne peut toutefois pas nier qu’ils sont moins fidèles à leur entreprise que leurs ainés. D’une part, car ils sont plus propices à changer d’environnement si celui qu’ils ont choisi ne respecte pas leurs critères, d’autre part, car cela fait partie intégrante de leur plan d’épanouissement financier.

  • 40 % des jeunes interrogés sont prêts à quitter un emploi si celui-ci ne les épanouit pas.
  • 79 % jugent indispensable de changer régulièrement d'entreprise pour améliorer leur salaire.

Bien sûr, ce changement constant ne serait pas possible si les évolutions de la société ne leur en donnaient pas la possibilité : le taux d’activité des moins de 25 ans a atteint 42,9 % en 2023, son plus haut niveau depuis 1990. Ainsi, 79 % des jeunes sont confiants quant à leur insertion professionnelle.

L’anxiété à son paroxysme

L’étude souligne aussi une tendance majeure à développer des troubles d'anxiété : 70 % des 18 -28 ans sont touchés par des troubles d’anxiété. Ce que confirment les chiffres de la BBC, en tout 91 % des 18-24 ans disent ressentir de l'angoisse sur leur lieu de travail, dont près d'un quart touchés par un stress dit « ingérable ».

Cela peut s’expliquer par les points qu’on a soulignés plus tôt : de grandes exigences qui ne sont pas toujours satisfaites, moins de stabilité dans leur travail, mais aussi un plus grand stress financier. Parce qu’ils choisissent de faire entrer en compte d’autres critères en plus du salaire, ils doivent aussi faire des compromis vis-à-vis de ce dernier. 58 % des employeurs rencontrent des difficultés à proposer des salaires suffisamment attractifs pour les jeunes. Ainsi, les membres de la génération Z épargnent peu d'argent par rapport à leurs aînés, beaucoup vivent tout simplement au rythme de leur salaire. De même, comme pour leur choix d’entreprise, ils ont plus de mal à se stabiliser et à franchir les étapes de la vie, comme acquérir une propriété notamment. Par exemple, aux États-Unis, 59 % des 18-24 ans estiment qu'ils ne seront jamais propriétaires, contre 29 % des 29-34 ans. Un manque de stabilité, des exigences soutenues et une incompréhension grandissante de leurs ainés : ce n’est pas exactement la recette d’une relation apaisée au travail.

Une incompréhension mutuelle

Contrairement à ce que leurs employeurs soulignent, la génération Z a le sentiment de bien comprendre ce que les entreprises attendent d’elle et cela dans n’importe quel domaine : de l’état d’esprit, aux compétences en passant par le niveau d’investissement. En revanche, elle souligne un autre problème : elle estime que les entreprises ne répondent globalement pas assez à ses attentes, notamment en termes de rémunération et d’évolution professionnelle. Pour la Gen Z, les entreprises n’en font pas assez pour lui donner envie de les rejoindre et la fidéliser. Elles sont trop rapides et ne prennent pas le temps d’expliquer aux jeunes en quoi elles sont faites pour eux et ne les accompagnent pas assez dans leur prise de poste.

Comment faire pour travailler main dans la main ?

Vous l’aurez compris : la relation entre entreprise et Gen Z n’est pas au beau fixe. Comment réparer les dégâts pour créer un lien sein ? Tout est une question de conciliation et d’adaptation les uns aux autres.

Dire adieu aux clichés

De nombreuses idées reçues pullulent autour de la Gen Z, il faut apprendre à les dépasser. Elle aime l’entreprise et elle n’en est pas désinvestie.

  • 80 % des jeunes ont envie de travailler au sein d’une entreprise moyenne ;
  • 76 % d’une petite ;
  • 73 % d’une qu’ils auraient créée ;
  • 64 % d’une très grande.

En comparaison, seulement 59 % désirent travailler dans la fonction publique et au sein d’une association. Il ne faut donc pas condamner le rapport dès le début en plaidant un désintéressement. De plus, et contrairement à ce que pensent les chefs d’entreprise, la Gen Z est intéressée par les responsabilités, même lorsqu’elles ne font pas partie de leur fiche de poste. Ainsi, 73 % sont prêts à réaliser parfois des tâches qui ne sont pas dans leur fiche de poste et 60 % à assumer des responsabilités qui n’en font pas partie.

Marcher ensemble

La Gen Z accorde une importance toute particulière à la reconnaissance et l’évolution professionnelle qui sont pour elle une grande source de motivation. Elle sera beaucoup plus loyale et performante au sein d’une entreprise qui sait valoriser son travail, même si ça ne passe pas nécessairement par une augmentation de salaire. Il faut savoir se servir des différences et des qualités de chacun et ne pas rester fixé sur d’anciennes méthodes et des aprioris au détriment d’apprendre ensemble. Par exemple, la Gen Z peut beaucoup apporter en termes de connaissances sur les nouvelles technologies, c’est une génération qui évolue en temps réel, au fil des révolutions technologiques et qui nourrit un réel intérêt pour ces évolutions. Ils sont très souvent débrouillards, autodidactes grâce aux tutoriels sur le web, et possèdent de nombreux talents cachés. Trop d’entreprises n’en tirent pas assez parti !

Transparence et confiance

La Gen Z est une génération de communicants, elle a notamment un grand sens de la communauté qui ne demande qu’à être exploité. En revanche, cette exploitation demande la plus grande transparence possible. Les communications classiques d’entreprise ne les toucheront pas efficacement. Ils cherchent le vrai dialogue, autant avec leurs collègues qu’avec leurs supérieurs. D’où la nécessité d’organiser des périodes d’échanges formelles mais aussi informelles (déjeuner en équipe, séminaire...). Avec la transparence vient la confiance, les travailleurs de la Gen Z ont besoin d’un milieu de travail agréable, humain, et que leurs employeurs se soucient de leur bien-être, pour exploiter leur plein potentiel.

Ne pas trahir ses valeurs

Il ne faut pas négliger la place que tiennent les valeurs de l’entreprise et ses engagements RSE dans le choix de la Gen Z, même si c’est moins que la rémunération, l’équilibre vie privée/vie professionnelle et l’intérêt du poste. 70 % des travailleurs de la Gen Z considèrent comme critère primordial le fait que leur travail ou leur entreprise soit utile pour la société et 64 %, le fait que l’entreprise porte attention à l’impact environnemental de ses activités. Cet engagement est parfois négligé, ou reste très superficiel, ce qui peut avoir beaucoup de conséquences sur l’attraction de l’entreprise quand on sait que, pour obtenir plus d’engagement des entreprises en matière sociétale ou environnementale, près de 2 jeunes sur 5 estiment qu’il vaut mieux refuser de travailler pour elles.

 

Alors, Gen Z et entreprise, vraiment inconciliables ou facilement compatibles si tout le monde y met un peu du sien ? Ce qui est sûr, c’est que la société évolue, que les mentalités changent et que les travailleurs de demain ne seront pas ceux d’hier dans un monde où s’adapter en temps réel et valoriser les singularités de tous, constitue un excellent moyen d’aboutir à une situation optimale qui satisfera employeurs et employés.  

 

Rédactrice : Clotilde Chevalier 
Direction Communication Groupe IGENSIA Education

 

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